La guerre nous brûlait les boyaux et, dans la puanteur de nos existences dérisoires, je me cramponnais à un espoir : rentrer à la maison, qu'on la perde ou non cette guerre qui n'est pas la mienne ! Comment faire pour ne pas se retrouver dans une de ces fosses communes creusées par des corvées de Tonkinois ?
En écho à Putain de guerre !, Dominique Grange rend aux combattants un hommage en musique avec un émouvant livre-CD, Des lendemains qui saignent.
Castermag’ : Dans quelles circonstances vous êtes-vous lancée dans ce disque, Des lendemains qui saignent ?
DOMINIQUE GRANGE : "Il y a de nombreuses années que je vis au contact de la Première Guerre mondiale, parce que je suis moimême petite-fille d’anciens combattants et aussi par proximité avec le travail de Jacques, que je vois s’élaborer sous mes yeux depuis trois décennies. Tout ce qui touche à la vie des poilus m’intéresse et me touche. Et dans ce quotidien, il y a les chansons, qui allègent un peu la souffrance. J’ai donc eu, très naturellement, envie de me rapprocher de ces textes et de ces musiques."
Dans cet album, vous mélangez des chansons d’époque et plusieurs compositions personnelles inédites…
"Oui. Pour ce qui concerne les chansons anciennes, je me suis bien sûr concentrée sur des chansons à contenu politique ou militant — car il existait aussi à l’époque la chanson de « piou-piou », l’équivalent de la chanson de variétés, un peu ridicule. Parmi les morceaux que j’ai choisis figure bien sûr La Chanson de Craonne, chanson de révolte emblématique qu’un ou plusieurs soldats anonymes écrivirent vers 1917, sur un air de valse populaire composé par Charles Sablon en 1911. D’autres chansons chères à mon coeur figurent également au générique, comme La Butte rouge de Montéhus, un des chantres du combat social de l’époque, La Grève des mères, que l’on considéra alors comme une chanson pro avortement, Fraternité de Sébastien Faure ou Tu n’en reviendras pas, un poème d’Aragon mis en musique par Léo Ferré."
Il y a aussi, et c’est assez exceptionnel, une version inattendue du Déserteur, célèbre chanson écrite par Boris Vian…
"Oui, nous avons obtenu l’autorisation, de la part des ayant droits de Vian, d’enregistrer Le Déserteur avec une fin conforme à ce qu’avait été la première version de Boris Vian lui-même. Une fin résistante, très nettement différente de la version « sacrificielle » qui est devenue, en quelque sorte, la version officielle et unique de ce titre. Il me paraissait évident et indispensable, vu le contexte de mon disque, d’enregistrer cette version là et aucune autre. La veuve de Boris Vian, en découvrant Des lendemains qui saignent, a trouvé que Le Déserteur était bien entouré. Cela m’a fait très plaisir."
Dites-nous en davantage sur vos trois chansons originales…
"Petits morts du mois d’août évoque les premières grandes vagues de morts d’août 1914, à l’époque où les soldats français, avec leurs pantalons rouge garance, faisaient des cibles parfaites. Laisse-moi passer sentinelle raconte l’histoire d’une jeune femme enceinte qui remonte les lignes pour retrouver son mari, et découvre qu’il va être exécuté pour l’exemple au petit jour pour avoir refusé de remonter à l’assaut. Le troisième titre est Le Ravin des enfants perdus, Chanson pour Vauquois, qui m’a été inspiré par l’un des lieux de combats de la Grande Guerre, le village martyr de Vauquois, dans la forêt d’Argonne."
Le disque est complété par un livre illustré, comme vous l’aviez déjà fait avec 1968-2008 N’effacez pas nos traces…
Castermag’ : Dans quelles circonstances vous êtes-vous lancée dans ce disque, Des lendemains qui saignent ?
DOMINIQUE GRANGE : "Il y a de nombreuses années que je vis au contact de la Première Guerre mondiale, parce que je suis moimême petite-fille d’anciens combattants et aussi par proximité avec le travail de Jacques, que je vois s’élaborer sous mes yeux depuis trois décennies. Tout ce qui touche à la vie des poilus m’intéresse et me touche. Et dans ce quotidien, il y a les chansons, qui allègent un peu la souffrance. J’ai donc eu, très naturellement, envie de me rapprocher de ces textes et de ces musiques."
Dans cet album, vous mélangez des chansons d’époque et plusieurs compositions personnelles inédites…
"Oui. Pour ce qui concerne les chansons anciennes, je me suis bien sûr concentrée sur des chansons à contenu politique ou militant — car il existait aussi à l’époque la chanson de « piou-piou », l’équivalent de la chanson de variétés, un peu ridicule. Parmi les morceaux que j’ai choisis figure bien sûr La Chanson de Craonne, chanson de révolte emblématique qu’un ou plusieurs soldats anonymes écrivirent vers 1917, sur un air de valse populaire composé par Charles Sablon en 1911. D’autres chansons chères à mon coeur figurent également au générique, comme La Butte rouge de Montéhus, un des chantres du combat social de l’époque, La Grève des mères, que l’on considéra alors comme une chanson pro avortement, Fraternité de Sébastien Faure ou Tu n’en reviendras pas, un poème d’Aragon mis en musique par Léo Ferré."
Il y a aussi, et c’est assez exceptionnel, une version inattendue du Déserteur, célèbre chanson écrite par Boris Vian…
"Oui, nous avons obtenu l’autorisation, de la part des ayant droits de Vian, d’enregistrer Le Déserteur avec une fin conforme à ce qu’avait été la première version de Boris Vian lui-même. Une fin résistante, très nettement différente de la version « sacrificielle » qui est devenue, en quelque sorte, la version officielle et unique de ce titre. Il me paraissait évident et indispensable, vu le contexte de mon disque, d’enregistrer cette version là et aucune autre. La veuve de Boris Vian, en découvrant Des lendemains qui saignent, a trouvé que Le Déserteur était bien entouré. Cela m’a fait très plaisir."
Dites-nous en davantage sur vos trois chansons originales…
"Petits morts du mois d’août évoque les premières grandes vagues de morts d’août 1914, à l’époque où les soldats français, avec leurs pantalons rouge garance, faisaient des cibles parfaites. Laisse-moi passer sentinelle raconte l’histoire d’une jeune femme enceinte qui remonte les lignes pour retrouver son mari, et découvre qu’il va être exécuté pour l’exemple au petit jour pour avoir refusé de remonter à l’assaut. Le troisième titre est Le Ravin des enfants perdus, Chanson pour Vauquois, qui m’a été inspiré par l’un des lieux de combats de la Grande Guerre, le village martyr de Vauquois, dans la forêt d’Argonne."
Le disque est complété par un livre illustré, comme vous l’aviez déjà fait avec 1968-2008 N’effacez pas nos traces…
"Oui, et je crois que c’est un beau livre. Toutes les chansons sont illustrées par des dessins originaux de Tardi, et Jean-Pierre Verney propose pour chaque chanson un texte d’historien, qui en restitue et en précise le contexte. Il y aura également une préface signée de l’auteur de l’Anthologie de la connerie militariste, Lucien Seroux, et des photos inédites du front de 14-18 réalisées par l’un de mes grand-pères, Pierre-Elisée Grange, médecin et photographe amateur."
Putain de guerre ! tome 2
1917-1918-1919 - avec 1 DVD
Jacques Tardi , Jean-Pierre Verney
Album - Broché
Paru le: 28/10/2009
Editeur : Casterman
ISBN : 978-2-203-02484-7
Nb. de pages : 66 pages
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